lundi 26 octobre 2009

* L'Anse d'en Bas *





Un jour ou un autre

C'était un peu comme la citadelle de Carcassonne.
Un mur d'enceinte, des ruelles pavées, des portes cochères et des maisons toutes croches qui se rapprochaient tellement l'une vers l'autre dans les étages, que des amants auraient pu s'échanger des baisers en se penchant à la fenêtre.

En arrivant à travers les vignes, les toits luisants attiraient le regard. Ils semblaient dégouliner.
J'étais avec Fetnat.

Une fois passé la grille du pont levis, nos pas furent irrésistiblement attirés vers une place cachée au coeur de la cité. Au milieu de ce replis, une fontaine glougloutait. Pas une grande fontaine avec des sculptures et des jets d'eau, plutôt une source s'écoulant en un mince filet sur une plaque creusée par le temps.
Nous nous régalions de ce spectacle, parcourant les différents recoins et dégustant la fraîcheur qui émanait des murs.
Tout était en chocolat.
Les tuiles s'égouttaient le long des façades, formant des stalagtites sous les rebords des fenêtres. Ca avait un petit goût d'amande...

Un homme nous à rejointes, offrant ses services pour nous guider dans ce paradis des papilles.
Tandis que Fetnat s'abreuvait à la fontaine cacaotée, l'homme a cassé une vitre pour m'en offrir un éclat. C'était chocolat-caramel. Je me souviens du bruit craquant de la mince feuille et du plaisir de laisser fondre sur ma langue cette petite douceur.
Sans mentir, j'avais vraiment le goût en bouche quand je me suis réveillée.

* * *
L'odeur du bacon frit ne collait pas avec mon déjeuner onirique.
Tout en préparant le café, j'était encore tout entière à ma balade nocture et à ce château à croquer.

L'architecture de la ville chocolatée étant bien trop avancée pour que je tente d'en fabriquer une réplique, je me rabattais sur la préparation de cookies.
Les autochtones accordent autant d'importance à leurs rêves qu'à la réalité, et ce jour là mon envie de chocolat était grande.

Un tout petit cafard commençait à pointer ses antennes et j'étais bien décidée à ne pas le laisser venir s'installer avec sa famille dans mon nouvel univers. Je m'armais donc de mon Opinel et m'efforçait de combattre cette invasion nostalgique en débitant une grosse tablette de chocolat noir.
Plus le chocolat fondait sur mes doigts et plus les cafards reculaient. Pour être sûre de leur déroute, je continuais la bataille en m'attaquant à une série de noisettes, qui du reste ne m'avaient rien fait... La dessus, une demie plaquette de beurre, de la farine, de la cassonnade et un peu de "poudre magique" et j'ai enfin pu enfourner ma délivrance.

Mais que faire de ces biscuits?
Les manger seule? C'était prendre le risque de redonner de la vigueur aux cafards vaincus.
Les laisser sur la table? Ca ne m'enchantait pas non plus.
En pâtisserie ce qui compte c'est d'être généreux. Ne pas lésiner sur la ration de pépites ou les surprises croustilantes. Le choix le plus satisfaisant était donc le partage. J'emballais mes petits gâteaux chauds et les portait aux Vikings.

Depuis quelques jours ils rabottaient sur le plateau. A les voir de loin, on aurait dit qu'ils massaient une forêt d'arbres couchés pour les ramener à la vie.
De petits flocons commençaient à tomber du ciel.
Les nuages étaient d'un jaune sale, mais je continuais à trouver le paysage éblouissant.

Là haut, sur le chantier, le vent était plus frais encore et les flocons dansaient plus lourdement. Je déposais mon petit sachet et les laissais frictionner la maison.

* * *
La neige à continué à tomber toute la journée. Peu à peu la campagne s'est couverte d'un petit manteau léger. Juste de quoi aider les arbres à perdre leurs dernières feuilles.
Par la fenêtre, je voyais les pommes rouges se couvrir d'une capeline molletonnée.

Les flocons plus nombreux accélaraient leur danse. J'ai enfilé une paire de chaussettes chaudes, lacé mes souliers, pris ma veste et ma casquette et suis allée profiter du changement dans le paysage.

Quelques jours auparavant, Mortaok m'avait emmené sur un terrain à l'Anse du Bas.
C'est dans un lieu comme celui là que je voudrais pouvoir prendre racine. Ressentir la nature non seulement en la contemplant mais en ayant les pieds enfouits dans sa terre et les cheveux mêlés dans ses herbes. Mes yeux deviendraient le ciel et les battement de mon coeur iraient rejoindre les sons dans les profondeurs du Fjord.
C'est un peu comme ça que je ressens l'Anse du Bas. Et sous la neige, son attraction paisible m'a arraché quelques rêveries supplémentaires.

La tête rejetée en arrière, je laissais la neige tomber sur ma langue. C'était comme des poussières de nuage. J'étais bien et j'ai ris, toute seule dans mon paradis imaginaire...

J'ai aussi rendu visite aux endroits qui commencent à m'être familiers, juste pour voir comment ils allaient avec leurs nouveaux attributs tombés du ciel.
Dans la petite forêt (pas dans la grande, parce que c'est là que vivent les loups), il y a un endroit qui me plait beaucoup. Pas plus que l'Anse du Bas, mais qui sait me faire rêver à d'autres choses.
J'ai pris le temps de m'y installer et de discuter avec les arbres autour. Ce petit bout abandonné, m'appelle pour l'été. Je crois qu'il voudrait qu'on se retrouve ensemble plus souvent. Adossé à la montagne, il est suffissement reculé pour offrir un sentiment de protection et d'isolement mais assez proche de l'orée du bois pour accueillir la lumière. Être caché du monde mais rester capable de voir...

Et au loin les Vikings s'adonnaient à une bataille de boules de neiges enflammées.

J'apprenais plus tard, alors que nous étions tous (très) au chaud dans le sauna, qu'ils buvaient alors des coupes de vin chaud. Ils me conseillèrent vivement d'orienter mes prochains rêves vers un canard à l'orange, mais là ça me semble compliqué...

jeudi 15 octobre 2009

Appel aux couturières!

Après avoir appris quelques postures de base à l'épée, me voilà de retour à la chaumière.
Préparation de crumble avec les pommes du verger et ménage.
Manquerais plus que la marmaille grouillante et toute crottée dans mes jupons pour me voir convertie en Viking femmelle.
Mais pour cela il me faudrait un Viking mâle personnel, des jupes, et des cheveux longs...
Pour les cheveux, je me concentre fort et pour les guenilles, je devrais être capable de me débrouiller, mais pour le mâle...

Bref, le temps est de nouveau beau et je n'aurais pas cru apprécier la bataille à ce point.
Pour être sincère la bataille s'est plutôt faite allongée dans l'herbe pour moi, et à coups d'armes en acier pour les autres. Thursiak a provoqué Mortaok et ils ont réglé leurs comptes. Ici pas de mousse. Ca sonne quand ça frappe. Bouclier de bois et armes réelles. Armures, casques, gantelets en métal et protections diverses en cuir. C'est beau des hommes poilus qui se battent...

Dans un autre style, Thursiak m'avait préparé un atelier de couture chez lui. On a remodifié l'agencement après une première réalisation, une Tunique noire, grand model...
Thursiak mesure 6,3 pieds.
Sachant qu'1 pied mesure 12 pouces et qu'1 pouce mesure 2,54cm, combien mesure le guerrier?

Sur ma liste il y a déjà trois autres Tuniques et une paire de Braies, et ceci juste pour mon hôte... Mortaok ne devrait pas tarder à passer sa commande... L'atelier de Lotte vient d'ouvrir à Ste Rose du Nord, rabais pour les 10 premiers amateurs. J'envisage une spécialisation dans le costume de guerre mais peux aussi honorer toute sorte de demandes (faisant appel à mes compétances en tant que couturière, celà va de soi...)
J'ai aussi une affaire pour la Tavernière du village, et j'attends la réponse pour le cour de tissage qui devrait bientôt commencer... Je voudrais apprendre à faire du miel, du pain et du fromage aussi, vu que le vin et la cochonnaille sont corrects. Mais je vais commencer par des tâches plus en accords avec mes nouvelles aspirations de femme au foyer (?!).

Mais j'ai aussi un petit problème. Pour les Vikings, je veux me rapprocher au plus près de la véracité historique. Depuis un mois, j'ai fais le tour des bibliotèques, j'ai collecté bon nombre de textes sur les Barbares Scandinaves, et pas mal d'images de bijoux et sculptures, mais voilà, les références sur les costumes manquent. Et avant de me lancer dans de nouvelles créations j'ai besoin d'en savoir plus. Trouver des photos prises sur le vif lors d'un pillage au Xème siècle, n'est pas chose facile.
Je lance donc un avis aux cousettes en ligne, et autres pirates du net : si vous cherchiez des références historiques pour les costumes du VIIIème au XIème siècle, où iriez-vous fouiner?

Pas serieux s'abstenir...

PS : J'offre une pinte d'hydromel à qui saura m'aider!

samedi 10 octobre 2009

Île aux Coudres

Pour Hemdé les 6 derniers jours ont été plutôt longs.
Pour Hemgé ils sont passés comme une glace au chocolat.

D'un côté, une île qui prend des allures de Peau de Chagrin. Un espace qui s'amenuise au fil des jours alors que la rive de l'autre côté du St Laurent parait s'éloigner constamment.
De l'autre, des beautés qui se livrent lentement, qui s'illuminent à l'aide des timides rayons de soleil, et les gens qui se dévoilent peu à peu.

Hemdé et son côté langue de vipère a pris peur, a eu envie de fuire vite, vite.
Hemgé et son côté patient a laissé le fleuve couler et a pris le temps de regarder les choses.


* * *
Comment raconter l'Île aux Coudres et la vie particulière des insulaires?...

Pour arriver jusqu'ici, il faut prendre le traversier.
Un à chaque heure. Pas plus.
Le continent n'est pas loin, 30 minutes de bateau et 30 de plus pour rejoindre le village de Baie St Paul. Mais quand on a l'habitude de bouger au moindre courant d'air, une heure peut s'allonger, s'étirer et devenir un obstacle à la liberté.

Mister Toaster m'a prévenu avec un grand sourire.
" - Tu verras Lotte, une fois là bas il n'y a plus de bruit. Les gens trouvent sur l'île une tranquillité qui bien souvent les aides à s'apaiser et après ça, il sont pleins d'énergie pour reprendre leur route et leur routine."



Le deuxième jour, je comprenais déjà mieux pourquoi il me disait ça.
Je ne l'aurais certainement pas décrit comme lui qui vit ici et aime son île. Je ne l'aurais pas décrit comme un havre de paix. Pour moi c'est une mise en repos de tout. Un arrêt. Une boîte fermée sur les possibles, alors autant ne pas trop avoir d'envie, d'espoir, de besoin en venant ici. Mettez vous sur OFF avant de monter dans le traversier et tout ira bien. Pour sur qu'après la vie s'offre belle! Partout plutôt qu'ici! Mais là c'est Hemdé qui parle.

L'insularité transforme les oreilles nouvelles en puits où déverser un trop plein de paroles contenues. L'incontinence verbale. Après un mois plutôt solitaire, il faut se refaire au rythme de la vie avec d'autres humains... J'ai failli rater le test.

LouisLePilote et sa famille, habitant Québec, n'avaient pas ce même besoin de partager. Ils avaient l'extérieur pour ça.
L'adage "On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille" peut s'enrichir d'une suite pour les habitants d'une île : "On ne choisit pas ses voisins". Chicanes et broutilles en héritage, chacun observe et commente la vie d'autruit pour meubler ses journées. Consciemment ou pas.


L'Île compte 1300 habitants, majoritairement des retraités.
Deux "Cercles de Fermières" et pas question d'envisager un regroupement sinon, Mme Machin et Mme Bidule vont se crêper le chignon, et Mme Chose ne voudra plus venir, même si Mme Truc reste chez elle... Pfuu. J'ai appris beaucoup sur tous ces gens que je ne connaitrais jamais.
Et quand je dis beaucoup, c'est beaucoup.
A un moment j'ai bien cru que j'allais devenir épiléptique. Un "Tabernouche, j'capote" de plus ou un "Hey, wow, fuu c'est l'fun!" et la crise serait survenue au beau milieu du couscous!


Heureusement ce jour là les nuages ont eu envie de me sauver et sont allés faire un tour de l'autre côté de l'île. Balade solitaire. Silence. Vidange espresse de mon agressivité sur le papier. Hemdé s'en est donné à coeur joie, sa langue de vipère à affuté ses bords dans mon carnet en puisant ses mots au bout de mon souffle...
Deux heures de marche, de contempation et de respiration profonde.


Là j'ai pu ouvrir les yeux et commencer à voir l'Île autrement. Après ça j'ai offert mes canaux auditifs à mes hôtes avec un réel plaisir. Bon parfois j'avoue que mes pensées étaient ailleurs, mais jamais trop loin. Et on a commencé à rire.
Flamber des desserts au Grand Marnier détend plus que le pâté chinois au tofu!


Une fois débarassée de cette sensation d'emprisonnement sur l'île, les journées sont devenues plus douces.
Premièrement avec le Cercle des Fermières. Cette association existe à travers tout le Québec et cherche à préserver les métiers traditionnels.


J'ai suivi un cours de peinture, goûté des gâteaux à la mélasse en buvant du thé, testé un métier à tisser (j'aimerais tellement ça, faire mes tissus et réaliser des costumes avec!) et vu comment en monter un.

J'ai aidé à faire du beurre lors des journées de la culture dans un atelier parascolaire. Avant de le déguster avec les élèves sur des tartines de pain frais, comme quand j'étais enfant...
Faut dire qu'on était dans un moulin, et que la boulangère africaine fait des merveilles avec son four à bois!


J'ai vu la roue du moulin à eau tourner, entrainant les engrenages, les couroies, les meules, le tambour... La farine de blé voletais, les deux meuniers en étaient couvert d'une fine péllicule.
Sous leurs cils et cheveux blanc, les meuniers étaient charmants. Les touristes ayant déserté les lieux, on a pu discuter longement. Je les ais regardé empaqueter la farine et tout nettoyer afin de changer le grain et suis restée jusqu'à ce que l'odeur de la farine de Sarrasin remplace celle du Blé.

Avec tout ça mon regard sur l'Île s'est adoucit. J'ai même parlé avec la meunière de la possibilité de revenir la saison prochaine pour travailler...

Ce matin je suis allée chercher une miche de pain. Elle était encore chaude. Une des dernières cuisson avant l'hiver. Ca sentait tellement bon!
Et pour faire bonne mesure j'ai rempli un panier de pomme dans le verger.
Fermière, meunière et maraîchère...


* * *
Il faut s'oublier parfois, et une fois le souffle retrouvé, on peut à nouveau prendre du plaisir. SaBernadette et son fils, sont des personnages adorables.

Il fait déjà trop froid pour que Mister Toaster souffle le verre, mais une belle quantité de bijoux en verre fusionné attend les derniers clients dans leur maison.
Je suis assise au milieu des toiles à vendre. Pas un mur qui ne soit couvert par des paysages, des chiens, des portraits ou des bouquets de fleurs immortalisés. C'est un peu comme être assis dans l'atelier du Père Noël, sauf qu'ici ce ne sont pas les jouets fabriqués par des lutins qui créent le Capharnum, mais les tableaux qui iront agrémenter les chambres des motels avoisinants.


SaBernadette est une petite femme dans la soixantaine, les cheveux roux coupés courts et un franc parlé. Son sourire lui laisse sur le coin des yeux de jolis sillons et il lui en reste toujours un petit au coin des lèvres. A sa manière joviale et sincèrement généreuse, elle insuffle dans l'île beaucoup de dynamisme.
Mais elle reste toujours un peu une étrangère. Elle est arrivée de France avec sa valise et un aller simple il y a 37ans. Le 26 Aout exactement.

Mister Toaster à 26ans. Il pourrait être le Laurel de M2Kerimiel (cf création de marionnette géantes). Les yeux mouillants à force de rêver éveillé et sexy comme un pic à glace. Si grand qu'il ne semble pas savoir quoi faire de ses bras où il laisse pendre ses mains, arachnées atrophiées.
A force de travailler le verre il commence à lui ressembler. Mister Toaster à l'allure d'une ampoule pharmaceutique dont on casse les bouts d'une simple pression des doigts. Mais c'est seulement une impression, car dans son enveloppe pas bien maîtrisée il a une volonté et des rêves qui le font avancer. Un genre de Savant Fou prêt à tout et capable de presque autant.

* * *
Demain je quitte l'Île. SaBernadette m'a prêté une tenue pour l'hiver et j'ai un panier rempli de belles pommes rouge et couvert d'une belle boule de pain...

Trappeuse professionnelle

samedi 3 octobre 2009

Québec

Il y a très peu de temps je disais rêver de " bonne bouffe, de lit moelleux, de chaussettes chaudes, de discussions autour de feux de bois, d'apprendre et d'échanger, de stimuler mes hémisphères vers autre chose que l'oisiveté, de me poser et de travailler ".
C'est chose (quasi) faite.


* * *
Dimanche 27 : Marcher sous la pluie, réchauffer mes os dans un café Montréalais, souper de soupe et dormir dans un vrai lit.

Lundi 28 : Marcher sous la pluie, acheter des cailloux, criser d'angoisse dans la ville souterraine et me faire prêter des bas de laine tricotés.

Mardi 29 : Marcher sous la pluie, gouter des toasts au beurre de cacahuète&miel, boire des bières avec Marin Dodouce aux Catacombes et profiter d'une soirée bénéfice pour un couple passé au feu.

Mercredi 30 : Rouler en taxi New-Yorkais sous la pluie, manger un Smoked Meat en haut du Mont Royal, Bibliothéquer et écouter Elvis Graton II.


Jeudi 1 : Covoiturer jusqu'à Québec, marcher sous la pluie, aimer la ville et vivre mon 1er match de Hockey dans un pub.


Vendredi 2 : Marcher sous la pluie, Bibliothéquer, gouter La Poutine et tester la microbrasserie La Barberie.

Samedi 3 : Rouler sous la pluie, acheter des pommes sur l'île d'Orléan, discuter pas mal beaucoup près d'une cheminée et boire du Vin avec LouisLePilote et sa Blonde.

* * *
Suite du programme : Continuer à remonter vers le Nord et braver les intempéries (qui sont pas pires).

Poutine à Québec City...


Hommage en Grains par "Mes Aïeux "

Quand vient l'heure du last-call
Et que s'allument les néons
Exposant nos teints pâles
Eteignant nos ambitions

Quand aller se coucher
N'est pas une solution
Nos cerveaux embrouillés
N'envisagent qu'une option

Patates, sauce brune et fromage
Font un excellent ménage
Passé trois heures et demie
C'est de la grande gastronomie

La serveuse est guillerette
Malgré l'heure incongrue
Et sous une tonn'de spray net
Elle nous tend son menu

Et nos yeux qui salivent
Lisent les définitions
Des versions alternatives:
" Italienne, Galvaude ou Duelton "

Patates, sauce brune et fromage
Sont un heureux mariage
Oui, je l'avoue, c'est un peu gras
Mais ça re-patch l'estomac

Patates, patates

Je ne briserais jamais l'objet de mon extase
L'équilibre parfait des trois éléments de base
Moi, c'est sur la classique, que je fixe mon choix
J'fais pas partie des excentriques qui rajoutent des petits pois

Dans l'attente insoutenable du suprême gueuleton
Tous autour de la table posent l'ultime question:
" De quel coin de la terre vient ce délice de maestro?
Les opinions diffèrent: Drummondville ou Victo?"

Puis le festin arrive, avec sa fourchette en plastique
Enfin sous la gencive, le fromage fait couic-couic
Et si la décente invite à déguster lentement son bol
Faut quand même faire ça vite, avant qu'les frites viennent molles

Patates, sauce brune et fromage
Forment un puissant alliage
C'est comme manger une livre de beurre
Mais Montignac nous fait pas peur

Ah! Quelle joie de savoir
Que partout au Québec
A la même heure chaque soir
L'expérience se répète

Des épaves imbibées
Noient l'alcool dans l'gravy
Et le ventre ballonné
En rotant vont rêver...
(Rêver de...)

Patates, sauce brune et fromage
C'est engraissant, quel dommage!

Patates, sauce brune et fromage
Une part de notre héritage!

Patates, sauce brune et fromage
Nous te rendons cet hommage...
En grains!