jeudi 19 novembre 2009

Soirée charcuterie-pain-vin-fromage, le luxe à l'état pur!


"- Une balade en camion ça te tente?"

Sur que ça me dit! Le temps de prendre mes affaires et je courrais vers le camion de Mortaok.
Une belle journée. Toute grise avec du vent.
On s'est arrêté pour dîner dans une cantine.

Le long de la baie vitrée, des tables étaient alignées, séparées par leurs banquettes en faux cuir rouge. Les serveuses circulaient entre les clients avec leurs cafetières pleines.

Installés face à face, le pot de sucre en verre avec son couvercle en alu et les petits sachets de condiments entre nous, nous attendions le plat du jour.

Un genre de tourtière, sans la pâte. De la viande, des légumes, des patates...
Juste ce qu'il faut pour aller bien.
Et on s'est mis à parler bouffe...

La Bouffe à la Française...

Les repas de Famille qui commencent à midi et se finissent six heures plus tard...
L'Apéro... Les Entrées... Les Plats... Les Fromages avec la salade... Le Trou Normand... Les Desserts... Le Café avec ses biscuits... Le Vin... Les Vins...

La Base de notre Culture, de notre Identité...

* * *
J'ai raconté à Mortaok ma dernière soirée en France.

Le marché de la rue Mouffetard avec Peer. Les ruelles pavées et les commerçants tout le long qui étalent leurs marchandises.

La Charcuterie. Les saucisses coudées pendues sur des perches. Les rosettes, les saucissons et les jambons à la coupe...

L'odeur du Fromager plusieurs boutiques plus loin. Les Rocamadours, les Goudas au Cumin, les Camenberts, les Contés, les Roqueforts... Brebis, Chèvre ou Vache... Fondants ou durcis... Jeunes ou vieux...

La Cave à Vin. Les bouteilles jusqu'au plafond, sur tous les murs, dans des caisses au sol, à tous les prix, pour tous les goûts, pour toutes les occasions...

Et La Boulangerie. Les Baguettes chaudes dont on mange la moitié avant d'arriver chez soi. Les Miches rondes aux céréales, les Traditions, les Pains aux figues, aux olives, aux noix...

Puis notre soirée sur le balcon avec les bouteilles de vin "à finir".

Assis par terre avec Peer et 20cents nous avons discuté jusque tard en regardant les lumières de la ville en bas...
J'avais peur. Quelle idée j'avais eu de vouloir repartir? Si vite? Si loin et si longtemps... J'étais complètement flippée. J'attendais que quelqu'un me retienne. Me donne des raisons pour rester, pour canceller mon billet, pour trouver la volonté de m'investir ici. A Paris. En France. Chez nous.
J'espérais que ça viendrais de Peer. Fetnat savait mieux que moi que ça se passerait bien, mais j'étais prise dans un tourbillon d'incertitudes et je mélangeais tout.

J'ai parlé de ça à Mortaok.
Pour être honnête, disons que j'ai pensé à ça et que je lui ai raconté autre chose.
Je lui ai raconté la Bouffe surtout.

* * *
Et puis hier, Mortaok est venu me voir. Pas pour une balade en camion. Pas à chaque fois.
Il faisait beau et me demandait de réserver ma soirée.

A 6 heures, il est arrivé avec un grand sac d'épicerie.
Charcuterie-Pain-Vin-Fromage, le luxe à l'état pur!

On a mis ça sur deux grandes assiettes. Une planche avec le pain au milieu. Deux coupes de vin. Et armés de nos couteaux, on s'est fait une soirée à la Française... C'était bon.

J'ai ris. Comme il faut rire pour dire qu'on est heureux.
Rire parce que l'on se sent bien.
Rire parce que l'on aime.
Rire parce que la Vie est belle...

J'ai ris à cause d'une tranche de proscuitto, d'un fromage appelé "Diable aux Vaches" et d'une bouteille de vin portugais!

* * *
Aujourd'hui, comme il y a quelques mois, je me demande pourquoi je partirais d'ici.
Mais à la différence, je n'ai plus peur. Plus peur de rien.
J'ai juste envie de continuer à profiter de la Vie, avec pour seul objectif celui d'être heureuse.
Pour une fois, la barre est à une hauteur raisonnable, et les promesses qui valent le plus le coup d'être tenues, sont celles que l'on se fait à soi même.

Je choisis donc la Vie, dans ce qu'elle offre de simple, avec les petits bonheurs qui croisent nos routes.
La Vie est éphémère, je la prend avec toute sa poésie, ses rêves et ses surprises.

* * *
Merci à tous ceux qui permettent de voir que l'on peut faire ce que l'on désire.
Qu'on a le choix de devenir ce que l'on veut.


lundi 9 novembre 2009

Vie de Viking







Assemblée Secrète

"- Le code est simple. En arrivant il te faudra frapper deux coups secs sur la porte de chêne. Un homme ouvrira la petite fenêtre grillagée et te demandera quel est ton message. Tu lui répondras que l'Equipage est prêt."

Après ces consignes, Mortaok m'a laissé seule. Il avait à faire.

* * *
Je suis arrivée de nuit à la place qu'il m'avait indiqué. Les ruelles n'étaient que faiblement éclairées, et il m'avait fallu traverser toute une partie de la ville à pied.
A partir de l'église, je devais prendre à gauche, puis à droite, puis à gauche encore et au fond d'une courette un escalier devait me permettre de descendre dans la cave où allait se tenir l'Assemblée Secrète...

* * *
Après m'être perdue quelques fois, comme à mon habitude, me voilà face à deux chiens montant la garde. A droite de l'escalier un chien blanc, à gauche, un noir.
Les deux mâles sont attachés à bonne distance de l'entrée.
Tandis que je m'approche, ils se mettent à grogner en s'avançant vers les premières marches.
Une fois leurs chaînes tendues, il ne reste plus qu'un mince passage entre eux...

Je m'engage sur les marches de pierre, guidée par la lueur d'une lanterne accrochée en contrebas.
Je cogne à la porte.
Dans un claquement, un homme fait coulisser un panneau de bois. Derrière la grille, je devine son visage. Il porte une longue cicatrice sur la tempe gauche.

L'homme (mystérieux) : "- Quel est votre message?
Moi (pas rassurée) : - Heu, ben, heu... C'est à dire que, heu ... Ben, l'Equipage est prêt?
L'homme (blasé) : - Pff... C'est toi Lotte?
Moi (pas fière ) : - Moui..."

Fermeture de la trappe, ouverture de la porte. J'entre.
L'homme à la cicatrice s'appelle Berg.
Il me conduit à l'intérieur.

Autour d'une longue table six hommes sont installés face à de grosses choppes de bière.

Je m'attendais à une atmosphère saturée de fumée et éclairée à la chandelle. Une ambiance glauque et peu rassurante. Au lieu de ça, les hommes attablés, plus ou moins poilus, semblent de joyeuse compagnie. D'un mouvement de la main, ils m'invitent à m'assoir.
L'assemblée a commencé depuis quelques heures...

Dans la pièce voisine, une femme brune tisse. C'est Aimée. La concubine de Berg.

* * *
Les membres de l'Equipage présents sont là pour définir les Objectifs de la Guilde.
Ils constituent une armée.
Ils ont besoin de combattants, d'artisans et de marchands.
Une réunion adverbialointérrogative et son fameux QQCCOQP...

Qui (quel est le coupable? qui est le responsable?)
Quoi (quel est son crime? quels sont les faits?)
Comment (quelle procédure? quels moyens utilisés ou de quelle manière y parvenir?)
Combien (des pots de vin? quelle quantité de poison?)
(où ça s'est passé? où va t'on le commettre?)
Quand (tous les quand? à quelle date? à quelle fréquence? )
Pourquoi (quelles justifications, quels motifs, quelles raisons d'être...?)

Un genre de soirée Cluédo... :
Berg - à frappé le genou de Thursiak - devant l'église - avant midi - une fois - avec sa hâche - parce qu'il voulait son casque...

Bref. J'écoute.
J'observe...

Les verres semblent percés. Ils sont remplis et vidés à une bonne cadence. Le discours n'en perds pas pour autant en intensité. Tous les hommes réunis voguent vers les mêmes aspirations. Reconstituer un monde passé. Au plus près de sa réalité historique. Toucher l'âme Viking et renouer avec les savoirs faire de ces Barbares Scandinaves... Monter une armée digne de combattre sous une même bannière...

Ce soir ils placent les bases. Les fondements de ce qu'ils seront. De ce que nous deviendrons...

dimanche 1 novembre 2009

Party d'Halloween à Chicoutimi...

Melle Colorabelle et Mister Epluchette
(Izabelle et Christian)

Thursiak et sa "chain mail"
(Patrick)

Miss Muppet et Lotte
(Mélanie)

La Fée-Gitane
(Johanne)

Mortaok et sa peau d'Ours
(Olivier)

lundi 26 octobre 2009

* L'Anse d'en Bas *





Un jour ou un autre

C'était un peu comme la citadelle de Carcassonne.
Un mur d'enceinte, des ruelles pavées, des portes cochères et des maisons toutes croches qui se rapprochaient tellement l'une vers l'autre dans les étages, que des amants auraient pu s'échanger des baisers en se penchant à la fenêtre.

En arrivant à travers les vignes, les toits luisants attiraient le regard. Ils semblaient dégouliner.
J'étais avec Fetnat.

Une fois passé la grille du pont levis, nos pas furent irrésistiblement attirés vers une place cachée au coeur de la cité. Au milieu de ce replis, une fontaine glougloutait. Pas une grande fontaine avec des sculptures et des jets d'eau, plutôt une source s'écoulant en un mince filet sur une plaque creusée par le temps.
Nous nous régalions de ce spectacle, parcourant les différents recoins et dégustant la fraîcheur qui émanait des murs.
Tout était en chocolat.
Les tuiles s'égouttaient le long des façades, formant des stalagtites sous les rebords des fenêtres. Ca avait un petit goût d'amande...

Un homme nous à rejointes, offrant ses services pour nous guider dans ce paradis des papilles.
Tandis que Fetnat s'abreuvait à la fontaine cacaotée, l'homme a cassé une vitre pour m'en offrir un éclat. C'était chocolat-caramel. Je me souviens du bruit craquant de la mince feuille et du plaisir de laisser fondre sur ma langue cette petite douceur.
Sans mentir, j'avais vraiment le goût en bouche quand je me suis réveillée.

* * *
L'odeur du bacon frit ne collait pas avec mon déjeuner onirique.
Tout en préparant le café, j'était encore tout entière à ma balade nocture et à ce château à croquer.

L'architecture de la ville chocolatée étant bien trop avancée pour que je tente d'en fabriquer une réplique, je me rabattais sur la préparation de cookies.
Les autochtones accordent autant d'importance à leurs rêves qu'à la réalité, et ce jour là mon envie de chocolat était grande.

Un tout petit cafard commençait à pointer ses antennes et j'étais bien décidée à ne pas le laisser venir s'installer avec sa famille dans mon nouvel univers. Je m'armais donc de mon Opinel et m'efforçait de combattre cette invasion nostalgique en débitant une grosse tablette de chocolat noir.
Plus le chocolat fondait sur mes doigts et plus les cafards reculaient. Pour être sûre de leur déroute, je continuais la bataille en m'attaquant à une série de noisettes, qui du reste ne m'avaient rien fait... La dessus, une demie plaquette de beurre, de la farine, de la cassonnade et un peu de "poudre magique" et j'ai enfin pu enfourner ma délivrance.

Mais que faire de ces biscuits?
Les manger seule? C'était prendre le risque de redonner de la vigueur aux cafards vaincus.
Les laisser sur la table? Ca ne m'enchantait pas non plus.
En pâtisserie ce qui compte c'est d'être généreux. Ne pas lésiner sur la ration de pépites ou les surprises croustilantes. Le choix le plus satisfaisant était donc le partage. J'emballais mes petits gâteaux chauds et les portait aux Vikings.

Depuis quelques jours ils rabottaient sur le plateau. A les voir de loin, on aurait dit qu'ils massaient une forêt d'arbres couchés pour les ramener à la vie.
De petits flocons commençaient à tomber du ciel.
Les nuages étaient d'un jaune sale, mais je continuais à trouver le paysage éblouissant.

Là haut, sur le chantier, le vent était plus frais encore et les flocons dansaient plus lourdement. Je déposais mon petit sachet et les laissais frictionner la maison.

* * *
La neige à continué à tomber toute la journée. Peu à peu la campagne s'est couverte d'un petit manteau léger. Juste de quoi aider les arbres à perdre leurs dernières feuilles.
Par la fenêtre, je voyais les pommes rouges se couvrir d'une capeline molletonnée.

Les flocons plus nombreux accélaraient leur danse. J'ai enfilé une paire de chaussettes chaudes, lacé mes souliers, pris ma veste et ma casquette et suis allée profiter du changement dans le paysage.

Quelques jours auparavant, Mortaok m'avait emmené sur un terrain à l'Anse du Bas.
C'est dans un lieu comme celui là que je voudrais pouvoir prendre racine. Ressentir la nature non seulement en la contemplant mais en ayant les pieds enfouits dans sa terre et les cheveux mêlés dans ses herbes. Mes yeux deviendraient le ciel et les battement de mon coeur iraient rejoindre les sons dans les profondeurs du Fjord.
C'est un peu comme ça que je ressens l'Anse du Bas. Et sous la neige, son attraction paisible m'a arraché quelques rêveries supplémentaires.

La tête rejetée en arrière, je laissais la neige tomber sur ma langue. C'était comme des poussières de nuage. J'étais bien et j'ai ris, toute seule dans mon paradis imaginaire...

J'ai aussi rendu visite aux endroits qui commencent à m'être familiers, juste pour voir comment ils allaient avec leurs nouveaux attributs tombés du ciel.
Dans la petite forêt (pas dans la grande, parce que c'est là que vivent les loups), il y a un endroit qui me plait beaucoup. Pas plus que l'Anse du Bas, mais qui sait me faire rêver à d'autres choses.
J'ai pris le temps de m'y installer et de discuter avec les arbres autour. Ce petit bout abandonné, m'appelle pour l'été. Je crois qu'il voudrait qu'on se retrouve ensemble plus souvent. Adossé à la montagne, il est suffissement reculé pour offrir un sentiment de protection et d'isolement mais assez proche de l'orée du bois pour accueillir la lumière. Être caché du monde mais rester capable de voir...

Et au loin les Vikings s'adonnaient à une bataille de boules de neiges enflammées.

J'apprenais plus tard, alors que nous étions tous (très) au chaud dans le sauna, qu'ils buvaient alors des coupes de vin chaud. Ils me conseillèrent vivement d'orienter mes prochains rêves vers un canard à l'orange, mais là ça me semble compliqué...

jeudi 15 octobre 2009

Appel aux couturières!

Après avoir appris quelques postures de base à l'épée, me voilà de retour à la chaumière.
Préparation de crumble avec les pommes du verger et ménage.
Manquerais plus que la marmaille grouillante et toute crottée dans mes jupons pour me voir convertie en Viking femmelle.
Mais pour cela il me faudrait un Viking mâle personnel, des jupes, et des cheveux longs...
Pour les cheveux, je me concentre fort et pour les guenilles, je devrais être capable de me débrouiller, mais pour le mâle...

Bref, le temps est de nouveau beau et je n'aurais pas cru apprécier la bataille à ce point.
Pour être sincère la bataille s'est plutôt faite allongée dans l'herbe pour moi, et à coups d'armes en acier pour les autres. Thursiak a provoqué Mortaok et ils ont réglé leurs comptes. Ici pas de mousse. Ca sonne quand ça frappe. Bouclier de bois et armes réelles. Armures, casques, gantelets en métal et protections diverses en cuir. C'est beau des hommes poilus qui se battent...

Dans un autre style, Thursiak m'avait préparé un atelier de couture chez lui. On a remodifié l'agencement après une première réalisation, une Tunique noire, grand model...
Thursiak mesure 6,3 pieds.
Sachant qu'1 pied mesure 12 pouces et qu'1 pouce mesure 2,54cm, combien mesure le guerrier?

Sur ma liste il y a déjà trois autres Tuniques et une paire de Braies, et ceci juste pour mon hôte... Mortaok ne devrait pas tarder à passer sa commande... L'atelier de Lotte vient d'ouvrir à Ste Rose du Nord, rabais pour les 10 premiers amateurs. J'envisage une spécialisation dans le costume de guerre mais peux aussi honorer toute sorte de demandes (faisant appel à mes compétances en tant que couturière, celà va de soi...)
J'ai aussi une affaire pour la Tavernière du village, et j'attends la réponse pour le cour de tissage qui devrait bientôt commencer... Je voudrais apprendre à faire du miel, du pain et du fromage aussi, vu que le vin et la cochonnaille sont corrects. Mais je vais commencer par des tâches plus en accords avec mes nouvelles aspirations de femme au foyer (?!).

Mais j'ai aussi un petit problème. Pour les Vikings, je veux me rapprocher au plus près de la véracité historique. Depuis un mois, j'ai fais le tour des bibliotèques, j'ai collecté bon nombre de textes sur les Barbares Scandinaves, et pas mal d'images de bijoux et sculptures, mais voilà, les références sur les costumes manquent. Et avant de me lancer dans de nouvelles créations j'ai besoin d'en savoir plus. Trouver des photos prises sur le vif lors d'un pillage au Xème siècle, n'est pas chose facile.
Je lance donc un avis aux cousettes en ligne, et autres pirates du net : si vous cherchiez des références historiques pour les costumes du VIIIème au XIème siècle, où iriez-vous fouiner?

Pas serieux s'abstenir...

PS : J'offre une pinte d'hydromel à qui saura m'aider!

samedi 10 octobre 2009

Île aux Coudres

Pour Hemdé les 6 derniers jours ont été plutôt longs.
Pour Hemgé ils sont passés comme une glace au chocolat.

D'un côté, une île qui prend des allures de Peau de Chagrin. Un espace qui s'amenuise au fil des jours alors que la rive de l'autre côté du St Laurent parait s'éloigner constamment.
De l'autre, des beautés qui se livrent lentement, qui s'illuminent à l'aide des timides rayons de soleil, et les gens qui se dévoilent peu à peu.

Hemdé et son côté langue de vipère a pris peur, a eu envie de fuire vite, vite.
Hemgé et son côté patient a laissé le fleuve couler et a pris le temps de regarder les choses.


* * *
Comment raconter l'Île aux Coudres et la vie particulière des insulaires?...

Pour arriver jusqu'ici, il faut prendre le traversier.
Un à chaque heure. Pas plus.
Le continent n'est pas loin, 30 minutes de bateau et 30 de plus pour rejoindre le village de Baie St Paul. Mais quand on a l'habitude de bouger au moindre courant d'air, une heure peut s'allonger, s'étirer et devenir un obstacle à la liberté.

Mister Toaster m'a prévenu avec un grand sourire.
" - Tu verras Lotte, une fois là bas il n'y a plus de bruit. Les gens trouvent sur l'île une tranquillité qui bien souvent les aides à s'apaiser et après ça, il sont pleins d'énergie pour reprendre leur route et leur routine."



Le deuxième jour, je comprenais déjà mieux pourquoi il me disait ça.
Je ne l'aurais certainement pas décrit comme lui qui vit ici et aime son île. Je ne l'aurais pas décrit comme un havre de paix. Pour moi c'est une mise en repos de tout. Un arrêt. Une boîte fermée sur les possibles, alors autant ne pas trop avoir d'envie, d'espoir, de besoin en venant ici. Mettez vous sur OFF avant de monter dans le traversier et tout ira bien. Pour sur qu'après la vie s'offre belle! Partout plutôt qu'ici! Mais là c'est Hemdé qui parle.

L'insularité transforme les oreilles nouvelles en puits où déverser un trop plein de paroles contenues. L'incontinence verbale. Après un mois plutôt solitaire, il faut se refaire au rythme de la vie avec d'autres humains... J'ai failli rater le test.

LouisLePilote et sa famille, habitant Québec, n'avaient pas ce même besoin de partager. Ils avaient l'extérieur pour ça.
L'adage "On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille" peut s'enrichir d'une suite pour les habitants d'une île : "On ne choisit pas ses voisins". Chicanes et broutilles en héritage, chacun observe et commente la vie d'autruit pour meubler ses journées. Consciemment ou pas.


L'Île compte 1300 habitants, majoritairement des retraités.
Deux "Cercles de Fermières" et pas question d'envisager un regroupement sinon, Mme Machin et Mme Bidule vont se crêper le chignon, et Mme Chose ne voudra plus venir, même si Mme Truc reste chez elle... Pfuu. J'ai appris beaucoup sur tous ces gens que je ne connaitrais jamais.
Et quand je dis beaucoup, c'est beaucoup.
A un moment j'ai bien cru que j'allais devenir épiléptique. Un "Tabernouche, j'capote" de plus ou un "Hey, wow, fuu c'est l'fun!" et la crise serait survenue au beau milieu du couscous!


Heureusement ce jour là les nuages ont eu envie de me sauver et sont allés faire un tour de l'autre côté de l'île. Balade solitaire. Silence. Vidange espresse de mon agressivité sur le papier. Hemdé s'en est donné à coeur joie, sa langue de vipère à affuté ses bords dans mon carnet en puisant ses mots au bout de mon souffle...
Deux heures de marche, de contempation et de respiration profonde.


Là j'ai pu ouvrir les yeux et commencer à voir l'Île autrement. Après ça j'ai offert mes canaux auditifs à mes hôtes avec un réel plaisir. Bon parfois j'avoue que mes pensées étaient ailleurs, mais jamais trop loin. Et on a commencé à rire.
Flamber des desserts au Grand Marnier détend plus que le pâté chinois au tofu!


Une fois débarassée de cette sensation d'emprisonnement sur l'île, les journées sont devenues plus douces.
Premièrement avec le Cercle des Fermières. Cette association existe à travers tout le Québec et cherche à préserver les métiers traditionnels.


J'ai suivi un cours de peinture, goûté des gâteaux à la mélasse en buvant du thé, testé un métier à tisser (j'aimerais tellement ça, faire mes tissus et réaliser des costumes avec!) et vu comment en monter un.

J'ai aidé à faire du beurre lors des journées de la culture dans un atelier parascolaire. Avant de le déguster avec les élèves sur des tartines de pain frais, comme quand j'étais enfant...
Faut dire qu'on était dans un moulin, et que la boulangère africaine fait des merveilles avec son four à bois!


J'ai vu la roue du moulin à eau tourner, entrainant les engrenages, les couroies, les meules, le tambour... La farine de blé voletais, les deux meuniers en étaient couvert d'une fine péllicule.
Sous leurs cils et cheveux blanc, les meuniers étaient charmants. Les touristes ayant déserté les lieux, on a pu discuter longement. Je les ais regardé empaqueter la farine et tout nettoyer afin de changer le grain et suis restée jusqu'à ce que l'odeur de la farine de Sarrasin remplace celle du Blé.

Avec tout ça mon regard sur l'Île s'est adoucit. J'ai même parlé avec la meunière de la possibilité de revenir la saison prochaine pour travailler...

Ce matin je suis allée chercher une miche de pain. Elle était encore chaude. Une des dernières cuisson avant l'hiver. Ca sentait tellement bon!
Et pour faire bonne mesure j'ai rempli un panier de pomme dans le verger.
Fermière, meunière et maraîchère...


* * *
Il faut s'oublier parfois, et une fois le souffle retrouvé, on peut à nouveau prendre du plaisir. SaBernadette et son fils, sont des personnages adorables.

Il fait déjà trop froid pour que Mister Toaster souffle le verre, mais une belle quantité de bijoux en verre fusionné attend les derniers clients dans leur maison.
Je suis assise au milieu des toiles à vendre. Pas un mur qui ne soit couvert par des paysages, des chiens, des portraits ou des bouquets de fleurs immortalisés. C'est un peu comme être assis dans l'atelier du Père Noël, sauf qu'ici ce ne sont pas les jouets fabriqués par des lutins qui créent le Capharnum, mais les tableaux qui iront agrémenter les chambres des motels avoisinants.


SaBernadette est une petite femme dans la soixantaine, les cheveux roux coupés courts et un franc parlé. Son sourire lui laisse sur le coin des yeux de jolis sillons et il lui en reste toujours un petit au coin des lèvres. A sa manière joviale et sincèrement généreuse, elle insuffle dans l'île beaucoup de dynamisme.
Mais elle reste toujours un peu une étrangère. Elle est arrivée de France avec sa valise et un aller simple il y a 37ans. Le 26 Aout exactement.

Mister Toaster à 26ans. Il pourrait être le Laurel de M2Kerimiel (cf création de marionnette géantes). Les yeux mouillants à force de rêver éveillé et sexy comme un pic à glace. Si grand qu'il ne semble pas savoir quoi faire de ses bras où il laisse pendre ses mains, arachnées atrophiées.
A force de travailler le verre il commence à lui ressembler. Mister Toaster à l'allure d'une ampoule pharmaceutique dont on casse les bouts d'une simple pression des doigts. Mais c'est seulement une impression, car dans son enveloppe pas bien maîtrisée il a une volonté et des rêves qui le font avancer. Un genre de Savant Fou prêt à tout et capable de presque autant.

* * *
Demain je quitte l'Île. SaBernadette m'a prêté une tenue pour l'hiver et j'ai un panier rempli de belles pommes rouge et couvert d'une belle boule de pain...

Trappeuse professionnelle

samedi 3 octobre 2009

Québec

Il y a très peu de temps je disais rêver de " bonne bouffe, de lit moelleux, de chaussettes chaudes, de discussions autour de feux de bois, d'apprendre et d'échanger, de stimuler mes hémisphères vers autre chose que l'oisiveté, de me poser et de travailler ".
C'est chose (quasi) faite.


* * *
Dimanche 27 : Marcher sous la pluie, réchauffer mes os dans un café Montréalais, souper de soupe et dormir dans un vrai lit.

Lundi 28 : Marcher sous la pluie, acheter des cailloux, criser d'angoisse dans la ville souterraine et me faire prêter des bas de laine tricotés.

Mardi 29 : Marcher sous la pluie, gouter des toasts au beurre de cacahuète&miel, boire des bières avec Marin Dodouce aux Catacombes et profiter d'une soirée bénéfice pour un couple passé au feu.

Mercredi 30 : Rouler en taxi New-Yorkais sous la pluie, manger un Smoked Meat en haut du Mont Royal, Bibliothéquer et écouter Elvis Graton II.


Jeudi 1 : Covoiturer jusqu'à Québec, marcher sous la pluie, aimer la ville et vivre mon 1er match de Hockey dans un pub.


Vendredi 2 : Marcher sous la pluie, Bibliothéquer, gouter La Poutine et tester la microbrasserie La Barberie.

Samedi 3 : Rouler sous la pluie, acheter des pommes sur l'île d'Orléan, discuter pas mal beaucoup près d'une cheminée et boire du Vin avec LouisLePilote et sa Blonde.

* * *
Suite du programme : Continuer à remonter vers le Nord et braver les intempéries (qui sont pas pires).

Poutine à Québec City...


Hommage en Grains par "Mes Aïeux "

Quand vient l'heure du last-call
Et que s'allument les néons
Exposant nos teints pâles
Eteignant nos ambitions

Quand aller se coucher
N'est pas une solution
Nos cerveaux embrouillés
N'envisagent qu'une option

Patates, sauce brune et fromage
Font un excellent ménage
Passé trois heures et demie
C'est de la grande gastronomie

La serveuse est guillerette
Malgré l'heure incongrue
Et sous une tonn'de spray net
Elle nous tend son menu

Et nos yeux qui salivent
Lisent les définitions
Des versions alternatives:
" Italienne, Galvaude ou Duelton "

Patates, sauce brune et fromage
Sont un heureux mariage
Oui, je l'avoue, c'est un peu gras
Mais ça re-patch l'estomac

Patates, patates

Je ne briserais jamais l'objet de mon extase
L'équilibre parfait des trois éléments de base
Moi, c'est sur la classique, que je fixe mon choix
J'fais pas partie des excentriques qui rajoutent des petits pois

Dans l'attente insoutenable du suprême gueuleton
Tous autour de la table posent l'ultime question:
" De quel coin de la terre vient ce délice de maestro?
Les opinions diffèrent: Drummondville ou Victo?"

Puis le festin arrive, avec sa fourchette en plastique
Enfin sous la gencive, le fromage fait couic-couic
Et si la décente invite à déguster lentement son bol
Faut quand même faire ça vite, avant qu'les frites viennent molles

Patates, sauce brune et fromage
Forment un puissant alliage
C'est comme manger une livre de beurre
Mais Montignac nous fait pas peur

Ah! Quelle joie de savoir
Que partout au Québec
A la même heure chaque soir
L'expérience se répète

Des épaves imbibées
Noient l'alcool dans l'gravy
Et le ventre ballonné
En rotant vont rêver...
(Rêver de...)

Patates, sauce brune et fromage
C'est engraissant, quel dommage!

Patates, sauce brune et fromage
Une part de notre héritage!

Patates, sauce brune et fromage
Nous te rendons cet hommage...
En grains!



dimanche 27 septembre 2009

Ahh Montréal...

Café régulier. Muffin aux bleuets.
Retour en ville...

J'ai menti.
La en tout petit, je le dis,
ma voiture c'était une
toyota echo.

On a pas d'classe là-d'dans.
Pas de fourrure et pas de croix qui scintille sous les étoiles...

Juste les boucles des ceintures qui ont cherché à me perforer les côtes
, et les genoux grippés comme les gonds d'une vieille porte...

Depuis un mois que je cours après les Couleurs de l'Automne, ben ça y est, elles sont là.
Et elles sont belles!

Ce à quoi je n'avais pas pensé, c'est qu'avec elles viendrait le temps de l'automne.
La pluie,
Le vent,
Les nuits fraîches...


Oh, il y a eu quelques autres belles rencontres :
> 1 rêveuse avec des grelots en haut d'une tour (qui traquais-un-peu-mais-pas-trop les Ours),
> 18 Pélerins fanatiques de marche (mais qui ne parlaient jamais de religion),
> 3 autosptopeuses (dont deux cachées dans les fourrés),
> 1 Serveuse, 1 Maître Brasseur, 1 Francobelgeoanglaise et 1 microbrasserie. (Attention, prochainement : tournois international de Air Ping Pong! A vos sous-bock! Pichenettes en action! Commencez l'entrainement sans tarder!)
> 1 Maître Sucrier dans son Erablière (histoire à suivre, si j'arrive à obtenir mon Visa pour mars!)

Mais présentement, je rêve de bonne bouffe, de lit moelleux, de chaussettes chaudes, de discussions autour de feux de bois, d'apprendre et d'échanger, de stimuler mes hémisphères vers autre chose que l'oisiveté, bref, je rêve de me poser et de travailler...

* * *
Hémisphère Gauche : "- Bientôt Lotte. Bientôt. Six pièces de tissus t'attendent à quelques centaines de Km, la machine à coudre est réparée, les modèles décidés et les hommes impatients... "

* * *
Retour à Montéal plus pour préparer la suite que pour visiter encore...

Vente du superflu, changer de livres, trouver l'équipement d'hiver en seconde main, rechercher des infos à la bibliothèque, goûter une poutine à la Banquise...

Fin du Voyage et début d'Installation?
Au moins pour quelques mois...

mercredi 23 septembre 2009

Les Artisans du Fjord

Parce que j'ai hâte de retourner à Ste Rose du Nord...

Le site : Les Artisans du Fjord



Et le Groupe : Les bâtards du Nord

dimanche 20 septembre 2009

Ste Anne des Monts

"Garde tes mains dans tes poches!"

MaMoon m'avait prévenu, mais comme d'habitude, ben, je l'ai pas écoutée. Ca m'a valu 25$...

Bon, ce qui s'est passé, c'est qu'à l'auberge du Sea Shack, en Gaspésie, il y a un bar sur la plage. Une jolie petite paillotte avec le toit en feuille de je-ne-sais-pas-quoi, un comptoir en bois, et tout plein de cocktails.

Et pis contre un pilier il y avait un p'tit bout de métal qui pendouillait au bout d'une ficelle dégueulasse, et pis au dessus il y avait une cloche, et pis en dessous il y avait un tout petit panneau, que j'avait pas lu et sur lequel y'avait marqué "qui sonne paye"...
Vrai, ils rigolent pas là.

La bonne nouvelle c'est qu'après quelques verres on parle encore plus facilement, surtout quand on est habillé en super héros.
Pour le coup j'ai discuté avec un Chaman qui a 24 enfants. En réalité seuls deux sont de lui, les autres sont plutôt du genre poilus aux yeux bleus, comme lui.

La maison que le Chaman s'est construite est perdue au milieu d'une vallée. Ses Chiens sont attachés sur le pourtour d'une clairière, sauf les bébés qui restent en liberté et seuls les arbres cloturent ses terres.
A côté de sa maison Thiroots a ajouté une serre, il a entassé du bois pour l'hiver, ses traîneaux sont bâchés.
A l'intérieur tout est en bois, il y a des sacs d'herbes séchées, une vieille théière, des couteaux magiques, des attrapes-rêves et des stocks de bon chocolat.
Je le sais parce qu'il m'a invité à dîner.

Le lendemain du Sea Shack, Thiroots m'attendait au Cap au Renard. Il avait garé son 4x4 et marchait le long de la route. Je l'ai reconnu de loin grace à sa chemise rouge à carreaux... On a dîné, on a parlé, le poëlle chauffait et le soleil brillait.
Cet hiver je retournerais le voir. On partira en traîneau pour faire du camping sous la neige. Et si le temps est bon, on verra des Aurores Boréales.

mardi 15 septembre 2009

Ste Rose Du Nord

Parfois les journées qui commencent mal annoncent de belles rencontres.

Grâce à un sourire dont je ne me souviens pas, un cycliste m'a abordé dans un café. Il voulait juste me donner son nom, si j'ai besoin d'aide un de ces jours.
Le lendemain, dans le même café (le CaféYé), le même homme était là.
Je me suis installée à sa table et on a déjeuné. Louis est pilote de Canadair, en mission à Roberval pour quelques jours. Un de ses collègues, René, est venu le rejoindre et on a discuté un couple d'heures autour de nos assiettes. En repartant j'avais deux invitations pour séjourner dans les Cantons du Sud et garder un labrador et une maison à Québec.
Un peu plus tard dans la même journée, un métis autochtone, m'a conté l'histoire des indiens Montagnais et les difficultés qu'ils rencontrent aujourd'hui.

Parce que le matin j'avais failli me faire chiquer les fesses dans la forêt par un gros chien et aussi à cause d'une mauvaise nuit, froide et bruyante (passage de camions et de trains) j'avais décidé de prendre une chambre dans un gîte à Dolbeau. Cette fois la chambre avait ses fleurs séchées mais un lit King Size, dans une bâtisse façon "Question Maison", avec vue sur un lac au milieu de la forêt.
Le lendemain, un déjeuner de reine avec confiture de bleuets à peine sortie du chaudron, des céréales et du yaourt maison, en compagnie de trois charmantes Québécoises.

J'ai continué le tour du Lac St Jean, bien reposée. Je m'y suis même baigné, avant de trouver une place reculée où j'ai vu des étoiles filantes.

La visite de la pulperie de Chicoutimi a été riche en apprentissages, mais le soleil écrasant m'a forcé à prendre une glace molle sur les bords du Saguenais.
J'ai ensuite repris la route vers Tadoussac.
LouisLePilote m'avais vaguement parlé de Ste Rose du Nord, mais je n'avais pas particulièrement noté le conseil. En passant devant le panneau, j'ai eu envie d'y faire un tour. Bien m'en a pris.
La suite c'est un peu "j'ai entendu de la musique, alors je suis entrée".
Au premier coup d'oeil, il s'agissait d'un festival d'artisans comme il y en a beaucoup dans les zones touristiques en France. Un grand chapiteau abritant une vingtaine ou trentaine d'artistes locaux. Peintures, bijoux, tricots, confitures...
Je faisais le tour des stands, me faisant expliquer les détails des créations par les artistes lorsque le maire nous a convié à venir écouter son discours.

La femme avec qui je discutais à ce moment là, m'a prit par le bras en me disant : "Tu voyages seule? Viens, je t'adopte!" Elle m'a présenté à son mari comme leur nouvelle fille.

Monsieur et Madame Dentdour' viennent du nord du Lac St Jean. Ce sont des trappeurs à la retraite. Pour passer le temps ils font aujourd'hui des bijoux à base d'os d'orignaux taillés, de dents de castor, de griffes et de dents d'Ours. Un art plutôt particulier...
J'ai passé les heures suivantes assise avec Mme Dentdour', une assiette provenant du buffet sur les genoux et une bière à la main.
La première journée du festival se finissait avec un spectacle de bolas enflammées.

En discutant avec d'autres artisans, j'ai expliqué que je dormais occasionnellement sur la banquette arrière de mon auto. Un des hommes présent était inquiet pour moi et il s'est arrangé pour que j'aille dormir chez un de ses amis.

Je me suis donc retrouvée chez un type dont je ne connaissais pas le nom, a fêter les aléas du voyages avec cinq autres personnes.
Parmi eux, MissMuppet et Monsieur Epluchette.

Yvan&Ovide, son fils, dormaient encore quand j'ai quitté leur maison le lendemain matin.

J'avais proposé à MissMuppet de lui donner un coup de main pour finir les préparatifs de sa parade nocturne. Une tasse de thé plus tard, nous passions du Geso sur des champignons en papier mâché.

Au village, Mme Dentdour' m'attendais pour que je lui tienne compagnie, Mister Toaster m'a expliqué ses techniques particulières pour souffler le verre, j'ai assisté quelques instant Melle Colorabelle auprès de sa fresque collective, j'ai regardé les danseurs de country sur le port et je me suis sucré le bec avec de la tire d'érable. La journée s'en est allée tout en douceur.

Mister Toaster m'a invité au restaurant. Les Vikings faisaient du Stew et au Bar de la Poste un méchoui fleurait bon. Mais Mister Toaster est végétarien. On s'est donc rendu au Presbyter et là... Là... C'était tellement bon!
Le Défilé Nocturne de MissMuppet s'est faite entendre de loin grâce à la corne de parade des Vikings. Roulements de tambours et descente aux lampions, on s'est mis sur la terrasse-balcon pour les regarder. Un chat de trois mètres de haut tenait un panier plein de champignons, un dragons aux sourcil en mouton dansait avec ses cinq paires de jambes, suivit de près par un poney à quatre pattes et quatre bras, et des enfants partout partout. C'était festif!

Une petite marche plus loin, une Boréale Dorée nous attendait. Un grand feu brûlait dans la cour du camp Viking. Il y avait nos hôtes, Mortaok et Thursiak les Artisans du Fjord, Chantal LePaysan, Relou LeBrésilien, Marin Dodouce, Monsieur Epluchette et quelques autres. Mister Toaster a fait une démonstration de verre de bière fondu, il a plu, on a rit, on a bu. Un peu.
N'ayant pas revu Yvan&Ovide, je n'ai pas osé retourner chez eux. Mister Toaster et Sa Bernadette m'ont invitée dans leur gîte. C'était confortable.

Le déjeuner était tout bon tout chaud. La nature était toute mouillée. J'ai marché dans les bois, j'ai trempé mon pantalon mais j'ai vu les nuages s'ouvrir dans le ciel et offrir quelques rayons de lumière à la rivière. Les arbres sentent le roussi mais c'est pas encore ça. Dans l'ensemble c'était gris mouillé.

Le reste de la journée, Relou LeBrésilien m'a tenu la patte. Mme Dendour' m'a offert un collier en os, Mister Toaster et Sa Bernadette une bague en pâte de verre. J'ai acheté de la Confiture Sauvage de Bleuet à Marin Dodouce et je l'ai offert à Sa Bernadette. Thursiak m'a montré le chantier où ils construisent les maisons en bois. J'ai mangé du Stew et une gaufre, raté le concert de l'homme orchestre, fait une sieste dans un champ en regardant les nuages. J'ai tenu compagnie à MissMuppet qui maquillait des enfants. Melle Colorabelle a refait une murale collective et on a gratté la table pendant que Monsieur Epluchette vendait du blé d'Inde.

Une fois le festival bouclé, j'avais trois invitations : une pour aller trapper, une pour visiter l'Ile au Coudre et une pour boire une bière chez les Vikings.
La bière s'est transformée en souper. Avec Mortaok, Thursiak et Marin Dodouce on a refait le monde en mangeant des tartines beurroconfiturées.

Thursiak m'a offert un lit et son toit, un petit déjeuner et un café.

Melle Colorabelle a subit une attaque de quatre autobus de Colons Francophones et je lui ai glissé du café dans le gosier pour l'aider à tenir tête. Le soleil était revenu et c'était chaud en dedans.

J'avais ben du mal à partir.

Un dernier cours de menuiserie et une petite pizza avec Mortaok, refaire le monde encore un peu et puis quitter Ste Rose Du Nord.
Parce qu'a un moment il faut partir, même si c'est tellement ce que je cherche.

Je vais traîner mes guenilles, user mes souliers sur les cailloux de Gaspésie et je reviens voir si la chaleur à Ste Rose du Nord persiste au coeur de l'hiver.

Lac St Jean & Saguenais

La Route des Bleuets, Lac St Jean


Ste Rose du Nord


Maison de Mortaok


Les Artisans du Fjord


Mme Dentdour'


Vue du Fjord

jeudi 10 septembre 2009

mercredi 9 septembre 2009

Présentations

(Hémisphère Droit : " - Nom d'une passoire bouchée, Lotte, mais qu'est-ce que t'attends?
Ah salut Hémdé, ça faisait longtemps!
Hémisphère Gauche: - Bien vrai ça Lotte, tu fais pas ton boulot là!
Quoi? de quel boulot tu parles?
Hémisphère Gauche : - Ben t'en parles, t'en parles, mais t'as toujours pas fais les présentations!
Taberouette (*), mais t'as raison Hémgé. Je m'y mets tout'suite...)


Présentation :

C'est vrai ça, j'arrête pas d'en parler d'ma voiture, qu'j'y dors, qu'j'y mange, qu'j'la parque (parke?), qu'j'en débarque, qu'j'lui fais prendre des 'tites routes et qu'j'lui fais admirer les paysages... Pis j'vous l'ai même pas présentée...

Donc voilà : LeCriDuCafé, MaVoiture.
Ma Voiture, LeCriDuCafé.
Tadaam...


(Hémisphère Droit : " - C'que j'préfère, c'est la crois qui pendouille au miroir, façon rital. La nuit ça renvoit les éclats des phares en 'tites gouttes de lumières, c'trop beau...
Hémisphère Gauche : - Ouai, pis les fourrures sont pas mal non plus...
Hémisphère Droit : - Les fourrures? Tu rigoles? Elles sentent encore la bestiole quand y fait trop chaud. Pis d'pouis qu'Lotte a fait tomber du miel dans les poils, ça pègue!
Héé! Chuutt!! J'ai pas fini là!
Hémisphères Gauche & Droit : Oups...")

Alors? L'est-y pas beau mon Char?

* * *
(*) Taberouette : De "tabernacle" et non pas de "ta bérouette" mot de patois pour désigner la brouette de son voisin ("ousqu't'as mis ta bérouette?").

mardi 8 septembre 2009

Tentatives...

Ce matin j'ai assisté à la naissance d'un nuage.
Il a prit son envol depuis la rivière St Maurice.
St Jean des Piles.
8h,06-09

Parc de la Mauricie
"Le Passage"
07-09

* * *
"La Terre n'appartient à personne :
Elle se donne à tous ceux qui sont assez grands pour l'étreindre"
Réjean Ducharme

dimanche 6 septembre 2009

Auberge de la Butte à Bidou

Pourquoi prendre une chambre à l'Auberge de la Butte à Bidou?
Parce que le nom m'a plu et que j'aurais bien voulu le voir ce Bidou là.
Mais aussi parce que c'est Dimanche, parce que ça fera une semaine demain que j'ai quitté Montréal, parce que les nuits sont fraîches, parce que je voudrais dormir en étendant les jambes, parce que je recommence à parler aux arbres, et parce que la Mauricie est la région qui me plaît le plus depuis mon arrivée au Québec.
(Est-ce que j'ai vraiment besoin de me justifier autant?)

Depuis une semaine, j'ai fais pas mal de détours.
Je ne me pers pas, vu que je ne sais pas ou je vais. Disons que je me fixe (vaguement) un objectif, mais que la route pour m'y rendre est rarement la plus courte. Je flâne au volant et dispose d'un GPS aléatoire, composé de vols d'oiseaux et de courses de renards. S'ils bifurquent dans un chemin assez large, généralement, je vais voir par là, avant d'avoir à faire demi tour arrivé au bout du bout...
Belle industrie que celle du panneau "Cul de Sac". Une affaire florissante mais qui semble avoir du mal à honorer toutes ses commandes...

Hier à été la journée la plus chargée en détours. J'ai bien du faire 100 bornes pour en parcourir 15 par la route principale... Certes, ça a été l'occasion d'observer les paysages les plus agréables qu'il m'ait été donné d'apprécier depuis le début de mon road trip, mais c'était excessif...
(Quelle idée aussi ils ont eu de faire une route qui ne fait pas complètement le tour d'un Pµ$*#¤ de lac! Si j'avais une carte routière et si je la consultais, peut-être que j'éviterais ce genre de pièges...)

La fraîcheur des nuits et les détours de la veille, m'ont donné envie de m'arrêter et de prendre un peu de confort. Mon choix c'est donc porté sur l'Auberge de la Butte à Bidou. Pour son déjeuner traditionnel inclus, sa salle de bain, sa buandrie et sa proximité.
Comme son nom l'indique, elle est située sur une butte, mais c'est Madame Louise, qui la tient, pas Bidou.

Il s'agit du seul "Bar Salon" du village.
Je qualifierais sa déco de typique, bien que mon taux de comparaison reste assez faible.
Un scalp de mini-cerf est fixé au dessus de la porte, les chaises en bois sont les même que dans Lucky Luke et les bouteilles d'alcool sont alignées sur des étagères derrière le comptoir, le long d'un grand miroir. Des fleurs séchées prennent la poussières clouées aux murs, tout est en bois, sauf les trois types qui prennent une bière façon pilier de bar. Il est 9h, pour moi ce sera juste un café, merci...

L'accès à la chambre se fait par le balcon qui ceinture la maison. Pas de clé, juste une moustiquaire et la porte fenêtre à coulisser. Faut dire qu'y'a pas foule...
La chambre lambrissée est décorée de petites natures mortes encadrées. De stype "hôtel", avec des fleurs argentées qui changent de couleur si on regarde de côté. Devant la fenêtre, un fauteil à bascule recouvert d'une tapisserie à grandes feurs brunes et vieux rose, un lit double et sa courtepointe à fleurs ET dentelles, sur la commode une pile de serviettes et de petits savons emballés (mais pas de vase en forme d'oiseau et ses fleurs en platique, un oublit Madame Louise?), un canapé (à fleurs), une petite télé (qui ne fonctionne pas) et un lavabo dans un coin. La salle de bain, sur le palier intérieur est à partager avec les propriétaires.
C'est juste parfait.

* * *

Dans le journal local, un chroniqueur faisait l'éloge du farniente :

"Je baille. Je baye aux Corneilles, et aux quatre vents
Je me maxillaire au maximum, et me fais sécher les dents en m'étirant."

J'ai trouvé ça tellement cool, que j'ai testé son affaire.
Allongée dans les hautes herbes, avec en contrebas les voiles des bâteaux sur la rivière St Maurice, j'ai profité du soleil, un bouquin en main avec pour seul activité physique, la chasse aux mouches noires. Ereintant!
J'étais tellement creuvée, qu'il a fallu que je me pousse au fesses pour aller dans la salle du bar. De la chambre j'entendais des éclats de voix, et vu que ces derniers jours mon coéficient de socialisation est proche de zéro, il aurait été stupide de ne pas tenter ma chance.
En entrant dans le "Bar Salon", j'ai été bien surprise. Je pensais trouver la salle pleine, et il n'y avait que cinq personnes (en comptant la patronne).
J'ai bredouillé un "bon appétit". On m'a répondu que c'était bien gentil, mais qu'ils avaient fini.
Ben oui, il était déjà 18h30!

Du coup j'ai quand même pris une bière.
Une Alexander Reith's, Red Amber Ale, 5%, avec la tête d'un cerf de profil et les cornes dorées... J'ai eu le temps de la regarder cette bouteille là. Je me sentais bien décalée parmi ces quinquagénaires du terroire attablés dans cette grande salle vide (72 chaises, 18 tables et 6 tabourets au bar)...

Résultat, une heure plus tard, j'étais à nouveau dans la chambre, couchée, avec mon bouquin entre les pattes et la couverture sous le menton.
A 63$ la nuit, sûr que je vais en profiter!

* * *

Dans la série : parfois c'est pas drôle d'être toute seule...

vendredi 4 septembre 2009

Grand Fou!

Dans la série : quand je serais grande... j'écrirais pour un grand magasine littéraire.

"Le Nouveau Détective" tient la tête de mes ambitions.
La prose y est si fluide et ses histoires si captivantes, que j'ai ce vieux désir secret de voir mon nom imprimé dans cette si belle typo jaune sur fond noir (en bas de la colonne, pas en tant que protagoniste!) Ca me tient depuis au moins trois semaines...
Si ça ne fonctionne pas, j'irais postuler pour Métro ou la rubrique nécrologique d'une quelconque gazette.

Ce qui m'a rappelé que j'avais cette envie là (j'ai une mémoire de casserole trouée), c'est une Exposition-sur-la-Criminalité-Canadienne-au-Musée-des-Arts-Populaires-de-la-Ville-de-Trois-Rivières (respiration).
Ben oui, je fais aussi du tourisme pur. J'envisage même d'aller au Zoo. Ca va bien l'introspection, mais je crois que je vais vite me remettre du fantasme de la vie d'ermite motorisé. Du coup j'étudie mes options.

En ce qui concerne la scénographie au MAP de 3Rivières (yeh), le visiteur est accueilli par le bruit d'une arme qu'on arme (c'est mieux si je dis : le claquement sonore d'un chien de revolver? ou le cricrac d'un gun? ou le son d'un cran de sureté de pistolet qu'on relève?)
Bref, au bruit de cette arme armée dans le dos, le visiteur se retourne immanquablement pour tomber sur une peinture grandeure nature d'un type qui te tient en joue. Genre Bloody Sunday. En rouge et noir.
J'ai une âme sensible! Faut pas me faire des coups pareils! Je risque la crise cardiaque ou l'infarctus là!
J'entre malgré tout. A l'intérieur, des tas de panneaux qui retracent les procès de meurtres divers, des vitrines contenant des pièces à convictions (objets ayant servi à la torture des victimes, blasons des gangs de motards Québécois et tatouages humains découpés et encadrés, brr...) et des textes qui disent que c'est quand même bien mal d'être criminel!


Parmi l'éventail de crimes proposés la pluart on déjà été repris par un cinéaste ou un romancier, mais il reste encore quelques bon synopsis à exploiter, et s'il faut, je ferais comme le type qui organisait des meurtres pour faire monter l'addiction de ses téléspectacteurs. "Lotte, la tueuse des sentiers" (Dès que j'en aurais fini avec ces Pµ$#*¤ de moustiques!)

Enfin, pas sûr que la prochaine nuit soit aussi tranquille que les précédentes, maintenant que je sais que sous les allures bienveillantes des autochtones se cachent de grands malades. (Je me disait aussi que cet aspect chaleureux était suspect...)
Toujours selon l'expo, je dois me méfier en particulier des belles-mères, des curés et des maris jaloux... Apparement une constante intercontinentale.
Pour ce qui est de la vilaine marâtre je suis parfaitement sereine, vu que je ne m'appelle ni Aurore ni Cendrillon. Et, en ce qui concerne les histoires conjugales, je ne risque pas de rendre jaloux qui que ce soit. A moins que je ne m'approche trop de la blonde de quelqu'un, ce qui est totalement improbable et serait le résultat d'une période de réclusion beaucoup trop longue.
Reste les histoires de soutanes. Si jamais je vois un type qui fait du stop avec ses habits sacerdotaux, d'une part je trouverais ça louche et d'autre part je ne m'arrêterais pas. Promis.

jeudi 3 septembre 2009

Hommage

Les Français sont par nature contestataires.
Ca doit nous venir du Passé Historique, de la Révolution, du fait que si l'on en croit les dires populaires, tous les Français étaient dans la Résistance, ou de Mai 68, je n'en sais rien.
Toujours est-il que le Français est maître dans l'art de la râlerie, il se plaint, critique tout, sans cesse, n'acceptant les différence qu'en les comparant à ce qu'il connait chez lui... En cela, le touriste Français est absolument insupportable.
J'avoue m'être cachée dans le passé pour ne pas avoir à assumer la même nationalité qu'un Gégé en puissance.

Si le Français moyen à la comparaison facile, je reconnais aussi qu'en matière d'hygiène, nos installations publiques laissent à désirer. Vraiment pas de quoi être fier de pouvoir localiser les latrines non pas à la vue mais au nez.

Pour ce qui est de la capacité à critiquer, je suis bien de chez nous. Cependant je viens ici saluer les Québécois (et les Néo-Zélandais, profitons-en) pour la qualité de leur services sanitaires. Hormis le fait qu'il y ai en tout lieu du papier (chose anodine mais si rare dans notre belle métropole), il faut ajouter que la propreté est de rigueur.
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on peut manger par terre : en ces lieux ce serait fortement déplacé.
Mais j'ai aujourd'hui pu prendre ma première "douche" dans des toilettes pour handicapés. (Certes, je ne suis pas handicapée, mais l'on apprend aussi très jeune, que ce type de signalisation est accessoire...)
Double shampooing, débarbouillette et lessive d'appoint, je suis prête à repartir en vadrouille pour quelques jours, le cheveu léger et les pieds décrottés.

Merci à la municipalité de Rawdon.